Qal’at Sanjîl/Citadelle Saint Gilles

 

 

 

Localisation : rive gauche du nahr Abû ‘Alî, à l’extrémité nord de la colline Abû Samra.

 

 

 

Réf :

Deschamps (1973)

Meinecke (1992), 9B/69

Salamé-Sarkis (1980)

Sobernheim (1909), p.94-104

 

RCEA 6013

Sobernheim (1909), n°44, 45

 

 

 

Historique

 

La colline de Abû Samra, où se trouve le château, est un site stratégique surplombant la rive gauche du nahr Abû ‘Alî et la ville côtière de Tripoli à l’ouest, le site est alors occupé par un sanctuaire fatimide. Cet emplacement est utilisé par Raymond de Saint Gilles comte de Toulouse pour y élevé un château lors du siège de la ville en 1102, avec pour objectif de bloquer la ville assiégée et de contrôler son ravitaillement. Après la mort de Raymond de Saint Gilles en 1105, le château est renforcé et aménagé par Bertrand de Saint Gilles (1109-1112) et Ponce (1112-1137). Durant la période croisée[1], le site a sûrement subit d’importants dégâts lors du séisme de 1170.

 

En 1268, l’attaque du sultan al-Zâhir Baybars provoque un incendie et de gros dégâts, toutefois le château ne tombe définitivement aux mains des Mamluk qu’en 1289, après sa prise par le sultan al-Mansûr Qalâ’ûn. Il restera possession mamluk jusqu’à la conquête ottomane en 1516. Si, pendant cette domination la citadelle conserve son rôle défensif, c’est aussi le centre du pouvoir administratif d’une ville qui est siège d’un royaume mamluk (mamlaka).

A partir de 707/1307, le site est l’objet d’un programme de reconstruction sous le gouverneur de la ville Asandamûr al-Kurjî (700/1301-709/1309). Les principaux travaux mamluk semblent concerner le dispositif d’entrée nord (ill.2, 3, 4, 5, 8), l’ajout du front sud (ill.15)[2], et probablement un renforcement du front orientale (ill.12, 13).

Le château présente deux inscriptions ; une inscription de restauration du sultan ottoman Sulayman Ier datée 927/1521 sur le portail nord (ill.6) et un décret militaire daté 746/1345 sur la tour porte intérieure (ill.9).

L’aspect actuel du château est l’œuvre du vaste programme de reconstruction mis en place par le gouverneur Mustafa Barbar Agha (1767-1834) à partir de 1802 (ill.1, 16, 17, 18, 19).

 

 

 

Epigraphie 

 

746/1345. Décret militaire du sultan Sha’ban, 6 lignes sur la 2e porte de la citadelle[3] (ill.10). « (1) Au nom d’Allâh… A la date du 10 sha’ban vénéré de l’année 746 (6 décembre 1345) (2) de la noble hégire du Prophète, a été promulgué l’ordre de notre maître, le très grand sultan, le souverain, al-Malik al-Kâmil Saif al-dunya (3) wa’l-Dîn Sha’ban, fils du sultan martyr al-Malik al-Nâsir Muhammad, fils du sultan martyr al-Malik (4) al-Mansûr Qalâ’ûn, que ses édits ne cessent jamais d’être exécutés dans le monde, ni les nuées de leur générosité de verser partout l’abondance ! (cet ordre prescrit) que la totalité des armées victorieuses musulmanes, des émirs et des mamluk royaux, des soldats dans les corps de la garde, des émirs  concessionnaires (de terrains) et des hommes de leur suite soient exemptés de la restitution réclamée, éventuellement, en faveur du diwan florissant, à chacun d’eux séparément, de l’excédent de leur solde, (excédent) correspondant à la différence, dans le nombre des jours de révolution, (5) entre les années solaires et lunaires ; et que soit aboli le recouvrement (de cet excédent), exercé auparavant par le diwan des armées dans les provinces musulmanes, en sorte que le diwan des comptes n’aura plus aucun droit d’ingérence dans les fiefs militaires des concessionnaires et que tout ce qui était réclamé pour le diwan (c'est-à-dire pour le fisc, par la cour des comptes), sur le règlement des comptes de gratifications, soit compris dans cet acte de faveur (ci-devant mentionné). Cet acte implique un don, dont le bénéfice s’étend aux grands et aux petits (c'est-à-dire aux officiers et aux soldats) et cela sera une bone action, dont la récompense sera louée dans le paradis et une belle institution qui méritera à son auteur la récompense, ainsi que la récompense de ceux qui agiront conformément, jusqu’au jour du jugement. Et ceux qui s’appliqueront à imiter cet exemple, qu’Allâh réalise en bien (6) leurs pensées. Et si quelqu’un modifie ces dispositions après en avoir pris connaissance, que son crime retombe précisément sur ceux qui les modifieront ; et si quelqu’un y retranche ou cherche à y retrancher quelque chose dans les cours des années, Allâh, qui est puissant et grand, sera son adversaire, ainsi que son prophète Mahomet, le maître des envoyés ; et il méritera la malédiction d’Allâh, des anges et de tous les hommes ; et il subira la peine du péché par lequel il perdra la vie de ce monde et celle à venir ; et c’est une perte évidente…. Et il est le meilleur des héritiers. A l’époque du préfet général, sa très honorée et haute Excellence, le gouverneur Saif al-Dîn Qamârî, fonctionnaire d’al-Kâmil, gouverneur du sultanat royal dans les provinces conquises tripolitaines, que sa victoire soit puissante ! »

 

 

927/1521. Inscription du sultan Sulaiman, 2 lignes sur la première porte de la citadelle[4] (ill.7).

« Au nom d’Allâh… (1) Il a été décrété par le haut ordre royal, sultanien, d’al-Malik al-Muzaffar, sultan Sulaiman Shâh, fils du sultan Salîm Shâh, que ses ordres royaux ne cessent d’être obéis parmi les émirs, que cette tour  bénie soit restaurée, afin qu’elle soit un retranchement fortifié pour la durée des temps. (2) Et sa construction a été achevée au mois béni de sha’ban de l’année 927 (juillet 1521) ».

 

 

 

Biblio complémentaire :

Hanisch (1996b)

Dotti (2007), n°16

Chaaya (2007-2008), p.141-167

Piana (2008g), p.422-438

Chaaya (2010)

Piana (2010), p.307-355

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan des différentes phases de constructions

 

2/ plan du bloc d’entrée nord

3/ vue du bloc d’entrée nord

4/ partie haute du bloc d’entrée nord

5/ partie droite du bloc d’entrée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6/ portail d’entrée ottoman

7/ inscription ottomane sur l’entrée

 

 

8/ vue de la tour porte intérieure

9/ accès de la tour porte intérieure

10/ décret sur l’entrée de la tour porte intérieure

                                          

 

 

 

 

 

 

 

 

11/ vue du front sud-ouest

12/ vue du front sud-est

13/ vue du front est

 

14/ angle nord-ouest de la citadelle

15/ vue du front sud

 

 

 

 

 

 

 

 

16/ vue des aménagements intérieurs

17/ vue des aménagements intérieurs le long du front est

 

18/ vue des aménagements intérieurs le long du front est

19/ vue des aménagements intérieurs le long du front est

 

 

 

 

 

 

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[1] Sur cette période, voir principalement,  Piana (2008g), p.422-438 ; Piana (2010), p.307-355 ;

Pringle (2004), p.25-43 ; Pringle (2007c), p.141-156.

[2] Voir Chaaya (2010), p.141-167.

[3] Texte d’après Sobernheim (1909), n°44.

[4] Texte d’après Sobernheim (1909), n°45.