Qal’at Karak/Citadelle de Kerak (n.d.)

 

 

 

Localisation : la citadelle occupe un promontoire au sud de la ville médiévale.

 

 

 

Réf :

Brown (1989), p.287-304

Deschamps (1939), p.35-98

Korn (2004), p.94

Luynes (1874), p.106-129

Mauss/Sauvaire (1867)

Meinecke (1992), 4/41, 4/198, 8/23

 

RCEA 3800A

 

 

 

Historique

 

Le site doit son importance non pas en tant que place forte défendant une frontière ou une ville, mais à son emplacement sur la route de Damas au Caire. C’est aussi une région importante du point de vue économique et un refuge sur la route du pèlerinage.

 

Périodes antérieures.

La première mention d’une forteresse à Kerak a lieu lors de sa construction en 1142 par Payen le Boutelier, seigneur d’Outre Jourdain. La forteresse est achevée par Philippe de Naplouse.

En 1177 Renaud de Châtillon récupère le site.

La forteresse conserve de nombreux restes de l’époque franque notamment le mur d’enceinte entourant la cour haute et 9 tours carrées sur les fronts est, ouest et sud. La citadelle est alors divisée en deux parties : une cour basse et une cour haute. L’accès se faisait par le nord-est (ill.19-23) et menait à la cour basse avec sa chapelle et divers salles et passages voûtés (ill.74-76). Le front est consistait en deux murs séparés par des salles voûtées (ill.1).

 

Période Ayyûbide.

Kerak et sa région tombe aux mains de Saladin après la bataille de Hattîn en 1187, al-‘Adîl, futur sultan de Damas (r.592/1196-615/1218), en devient le premier gouverneur. Celui-ci conserve son poste jusqu’à la mort de Saladin en 589/1193. Kerak devient ensuite une principauté indépendante et en 594/1197 la ville passe à al-Mu’azzâm ‘Isâ (futur sultan 615/1218-624/1227) qui entreprend la reconstruction de la citadelle à partir de 615/1217. Cette phase de reconstruction est peu documentée par les sources et les inscriptions retrouvées l’ont été hors de leur contexte, par exemple celle datée 614/1216.

En 625/1228 al-Nâsir Dâwûd (r.624/1227-635/1237) reçoit Kerak d’al-Kâmil, la forteresse devient le siège d’une principauté qui s’étend jusqu’à Jérusalem, Naplouse et Bayt Jibrîl.

En 647/1249 la citadelle passe, pour un temps, sous le contrôle directe du Caire.

Devant la menace mongole des années 658/1260, le dernier gouverneur Ayyûbide, Mughîth Fakhr al-Dîn ‘Umar fils d’al-‘Adîl, tente de s’allier aux Mongoles de Hülegü, toutefois la victoire des Mamluk à ‘Ain Jalût contrarie son projet. Il est exécuté par le sultan al-Zâhir Baybars (r.17 dhu’l-qa’da 658/24.X.1260 – 27 muharram 676/30.VI.1277) qui prend la forteresse le 24 jumada II 661/5.V.1263.

 

Période Mamluk.

Sous le pouvoir Mamluk, Kerak va jouer un rôle politique important sans toutefois être impliqué dans le système défensif du sultanat. Bien que les attaques mongoles n’aient pas occasionné de nombreux dégâts sur la citadelle, le sultan Baybars entame un vaste programme d’extension et de restauration des fronts ouest et sud. Ces travaux concernent le creusement d’un fossé sur le front sud (ill10, 15) pour empêcher les bombardements depuis Umm al-Thaj, la colline d’en face, une nouvelle entrée à l’ouest (ill.49, 50) accessible par un sentier, la construction de galeries à l’ouest (ill.42-45), de salles de réception avec décors géométriques (ill.66-69) et fenêtres grillagées, ainsi que des tours venant renforcer ces deux fronts dont l’énorme tour sud avec son réservoir (ill.12-14, 58). Baybars est de retour à Kerak le 8 safar 673/13.III.1274 pour la réparation d’une tour effondrée.

En safar 692/janvier-février 1293 un fort séisme endommage la citadelle, le sultan al-Ashraf Khalîl (r.7 dhu’l-qa’da 689/11.XI.1290 – 12 muharram 693/13.XII.1293) fait réparer les dégâts sous la conduite de l’émir Sanjar al-Shujâ’î. Ces travaux durent jusqu’en rabi’I 692/9.II-10.III.1293.

Le sultan al-Nâsir Muhammad a vécu à Kerak durant l’exil qui a suivi son 2e règne en 698/1298 et de nouveau en 708-710/1308-1310, où il y préparera son retour au pouvoir pour son 3e et long règne (r.30 ramadan 709/3.III.1310 – 21 dhu’l-hijja 741/7.VI.1341). Il fait construire un ensemble palatial souterrain avec salles de réception, cour à iwan et mosquée accessibles par d’étroits couloirs (ill.59-63). Ce site a été découvert lors de fouilles dans les années 1980[1], et se rapproche du palais découvert au château de Shawbak.

A une date non précisée, le sultan al-Nâsir Ahmad (r. 10 shawwal 742/19.III.1342 – 20 muharram 743/25.VI.1342) érige des structures temporaires (tarima) dans la citadelle.

Après sa défaite en 791/1389, le sultan al-Zâhir Barqûq (1e règne 19 ramadan 784/26.XI.1382 – 6 jumada II 791/2.VI.1389) est envoyé en exil à Kerak, comme pour al-Nâsir Muhammad, celui-ci y prépare son retour en 792/1390. Bien accueilli par la population le nouveau sultan entame son 2e règne (14 muharram 792/2.I.1390 – 15 shawwal 801/20.VI.1399) en remerciant les habitants de la ville, il promulgue alors un décret qui exemptent les habitants de Kerak de toutes taxes, ce décret est aujourd’hui encastré dans le mur de la Grande Mosquée de Kerak[2].

D’autres travaux sont mentionnés, sans précision, en 814/1411 lors d’une rébellion contre le sultan al-Nâsir Faraj (2e règne 5 jumada II 808/28.XI.1405 – 25 muharram 815/7.VI.1412).

 

 

 

Epigraphie

 

614/1216. Texte de construction 5 lignes[3].

« Voici ce qu’a ordonné de fonder le seigneur très illutre, al-Malîk al-‘Adîl, le victorieux, le héros, le défenseur de l’Islam, le refuge des humains, Sayf al-dunya wa’l-dîn, le sultan de l’Islam et des Musulmans, le subjugueur des infidèles et des polythéistes, Abû Bakr, fils d’Ayyûb, l’ami dévoué de l’émir des croyants, sous la surveillance de l’émir très illustre Sârim al-Dîn Barghash al-‘Adilî, en jumada I de l’année xx4 xxx ».

 

 

673/1274. Texte de construction, bandeau sur la tour T04.

Texte non disponible.

 

 

 

Biblio complémentaire

Miller (1991)

Pringle (1993), p.286-295

Pringle (1997), p.59-60

Abeileh (1998)

Pringle/Meulemeester (2000)

Dotti (2007) n°3

Milwright (2008)

Pringle/Meulemeester (2008)

Pringle/Meulemeester (2008a), n°336-342

Raphael (2010), p.160-172

Brown (2013a), p.309-335

Fragai (2014)

Brown (2016), p.543-560

Fragai (2018)

Fragai (2019), p.187-208

Nucciotti/Fragai (2019), p.489-501

Sinibaldi (2019), p.97-115

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan de la forteresse

2/ la forteresse depuis la route au sud-est

3/ la forteresse depuis l’est

4/ la forteresse depuis le nord-est

5/ la forteresse depuis le nord-est

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6/ vue de la partie nord

7/ vue de la partie centrale

8/ vue de la partie sud

9/ vue depuis le sud-est

10/ vue depuis le sud-est

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11/ vue depuis le sud

12/ la tour T04 et T05

13/ la tour T04

14/ vue depuis le sud-ouest avec le réservoir

15/ la tour T03 et du fossé sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

16/ vue de la forteresse depuis le sud-est

17/ le mur nord avec l’accès actuel à droite

18/ section du mur nord

19/ le mur nord vers l’est avec l’accès d’origine

20/ le fossé nord depuis l’est

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21/ plan de l’accès d’origine

22/ l’accès d’origine

23/ corridor d’accès

24/ partie ouest du mur nord avec l’accès actuel

25/ la tour T01

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

26/ l’accès actuel

27/ vue de la cour basse depuis le nord

28/ le saillant de la cour basse

29/ le saillant de la cour basse

30/ le saillant depuis le sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

31/ les archères du saillant

32/ le saillant depuis l’est

33/ l’angle nord-ouest

34/ entrée du corridor à l’angle nord-ouest

35/ une archère du saillant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

36/ le mur de la cour haute avec T10 à gauche

37/ le mur de la cour haute entre T10 et T11

38/ le mur de la cour haute

39/ vue du front ouest de la cour haute

40/ la tour T11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

41/ la 2e cour basse depuis le nord

42/ série d’archères de la 2e cour basse

43/ les archères de la 2e cour basse depuis le sud

44/ les archères de la 2e cour basse depuis le nord

45/ la 2e cour basse depuis le sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

46/ un fragment d’inscription déposé dans une archère

47/ la 2e cour basse depuis le nord

48/ la tour T02 depuis la cour basse

49/ le front ouest

50/ le front ouest avec l’accès à la forteresse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

51/ l’extrémité sud de la cour haute

52/ la tour T04 depuis la cour basse

53/ édifices à l’extrémité sud de la cour basse

54/ vue des édifices à l’extrémité sud de la cour basse

55/ une salle de la tour T03 à l’angle sud-ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

56/ une salle du secteur sud-ouest vers T03

57/ une galerie de la cour haute

58/ vue de la tour T04 depuis le nord

59/ vue de la tour T04 depuis le nord avec l’accès au complexe palatial

60/ plan du complexe palatial de la cour haute

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

61/ la cour à iwan du complexe palatial depuis l’est

62/ la cour à iwan du complexe palatial depuis le nord

63/ la cour à iwan du complexe palatial depuis le sud-est

64/ la cour haute depuis le sud

65/ la 2e cour basse depuis la cour haute

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

66/ salles souteraine de la cour haute

67/ corridor souterrain de la cour haute

68/ salles de la cour haute

69/ salle avec décor géométrique

70/ vue de la chapelle depuis l’est

 

 

 

 

 

 

 

 

71/ la cour haute depuis le sud

72/ la cour haute et le secteur nord-est

73/ édifices du secteur nord-est

74/ galerie du secteur nord-est

 

 

 

 

 

 

 

 

 

75/ la grande salle voûtée est-ouest

76/ édifices sur le mur nord

77/ vue de la cour haute depuis le nord

 

 

 

 

Documents anciens

 

Tristram (1874), p.90-93

« But far more important and extensive is the great castle at the southern angle. This being the most exposed point, owing to the shallowness of the Wady Kobeisheh, has been the most carefully fortified. It

is cut off from the shoulder of the adjoining hill by an immense scarped ditch, just as is the other castle; but there is no passage this way, and a wall of native rock has been left at each end, so as to form, in fact, a gigantic cistern. Beside this, there is an immense hewn ditch 100 feet wide. The outer wall of this castle is constructed on the same principle as the north-west tower, but of much greater thickness and

height, its outer length being eighty-seven yards. But this is, as it were, only the flanking work of a great fortress; for such this castle is, entirely independent of the town, from which it is separated on the north by a wide and deep ditch, now much filled in with rubbish. It forms an irregular quadrilateral, the northern side, toward the city, being nearly double the length of the south wall, and its width across

being from 220 to 250 yards. The interior of this block is one mass of vaults, arches, and galleries, all of most massive construction, with apparently only two open couit-yards. The most interesting portion of the building, and one which tells the history of its construction, is a crypt chapel, with an eastern apse, ninety feet long. It is reached by descending a circular staircase, which lands us half-way down the side of the chapel; and there is also a staircase leading to the roof, over which have evidently been other buildings. There are four very small narrow lancet windows high up ; and lamps must certainly have been required for worship here. Some fragments of columns are built sideways in the wall, and also some remains of inscriptions. There are many patches of fresco still to be seen on the walls, but all in a state of sad decay. None of the figures can be traced entire. There was one head of a saint, with a corona, left on the plaster. Besides the chapel, there are long ranges of buildings like casemates, magazines, and barracks, story above story, most solidly vaulted. These seem to have been four or five stories, or perhaps more, in height; but the upper parts are now much ruined. The different gate-ways, with all their appliances of defense on the side of the town, still remain, and it was necessary to pass through three of these in order to reach the central court. Under the great crypts are numerous vaulted and cemented reservoirs, capable of containing an ample supply of water for a long siege. Altogether, the great castle of Kerak is by far the grandest monument of crusading energy now existing. It was built under King Fulco, by one of the predecessors of Raynald of Chatillon, about a.d. 1131, and strengthened under the auspices of Godfrey of Boulogne; and in a.d. 1183 it baffled the assaults of Saladin.

The castle has more than once proved its invulnerability against attacks from the town ; while, on the other hand, its possessors have found its defenses turned to their own defeat. Thus Ibrahim Pasha, during

his conquest of Syria, in a.d. 1844, was never able to take Kerak, whose proud boast is that it yet remains a virgin city. Yet his troops occupied this castle for months, and finally, compelled by starvation to evacuate it, were for the most part slaughtered on the other side of the Wady Kobeisheh. »

 

 

 

 

 

 

 

Plan de la forteresse

Source : Luynes (1874)

 

 

 

 

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[1] Voir résultats, in Brown (1989), p.287-304 ; Brown (2013b), p.309-335 ; Brown (2016), p.543-560. Et aussi Fragai (2019), p.187-208.

[2] RCEA 792003.

[3] Texte d’après RCEA 3800A.